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Fulda est située au bord de la rivière Fulda entre Rhön et Vogelsberg. L’abbaye bénédictine fondée en 744 et sa célèbre bibliothèque de manuscrits en ont fait un centre important de la renaissance du savoir à l'époque carolingienne. La ville est restée profondément marquée par son passé religieux. Gardienne du tombeau de saint Boniface, « l'apôtre de la Germanie », Fulda a conservé un noyau baroque de palais, de clochers, de portes et balustrades monumentales.
En 742, saint Boniface de Mayence avait chargé le moine Sturmius de rechercher un certain emplacement pour y établir une confrérie. Sturmius, parti durant l'été de ses quartiers d'Hersfeld, remonta le cours de la Fulda et trouva l'endroit que lui avait indiqué l'archevêque. Sturmius et ses compagnons venus d'Hersfeld commencèrent la construction du monastère le 12 mars 744. Boniface fit de Sturmius le premier abbé du monastère et lui demanda d'y instituer la règle de saint Benoît.
En 747, Carloman fit don à Boniface de toutes les terres autour du monastère, dans un
rayon de quatre milles. En 751, le moine Lullus fut chargé par Boniface de se rendre à
Rome, afin de faire ratifier par le pape Zacharie un certain nombre d'accords.
Il s'agissait, à cette occasion, de mettre le monastère sous la protection du Saint-Siège.
Saint Boniface mourut en martyr en 754 et fut inhumé à Fulda sous le maître-autel de la
basilique Saint-Sauveur. Son monastère devint un lieu de pèlerinage.
La campagne de Charlemagne en Saxe en 772 fut suivie de nombreuses déprédations par les tribus saxonnes. Sturmius participait en 779 à la dernière campagne saxonne de Charlemagne qui se termina par la destruction d'Irminsul, l'arbre sacré des saxons, à Eresburg, lorsqu'il tomba gravement malade et décéda peu après. Il fut inhumé dans la chapelle de l'abbaye qu'il avait lui-même fait édifier. Ses successeurs étendirent considérablement le domaine de l'abbaye.
Sous la direction énergique de Raban Maur (822-842), la congrégation, avec un effectif d'environ 600 moines, s'imposa comme le centre scientifique de l'Occident chrétien. La bibliothèque, fondée par Raban Maur et le directeur de l'école, Rodolphe de Fulda, comprenait environ 2 000 manuscrits. Au gré de nouvelles donations, elle acquit un rayonnement inégalé auprès des savants de toute l'Europe.
À partir de 968, il fut décidé que le primat d'Allemagne serait un bénédictin. C'est vers cette époque que les premiers paysans et artisans s'établirent autour du monastère. L'abbaye et la congrégation obtinrent en 1019 de l'empereur Henri II le droit de battre monnaie, le droit de foire et le droit d'octroi ; Fulda est mentionnée pour la première fois comme « ville » (Civitas) en 1114.
L'abbaye fut érigée en seigneurie par l'empereur Frédéric II en 1220. Le seigneur-abbé Henri V von Diez-Weilnau (1288-1313) fit construire une abbaye fortifiée entre 1294 et 1312, où il pourrait résider en marge du monastère. Ce château fort fut transformé au 17ème siècle en château de style Renaissance par le seigneur-abbé Johann Friedrich von Schwalbach.
Peu avant 1320, les bourgeois de Fulda, avec l'appui du comte Johann von Ziegenhain,
haut-bailli des deux châteaux, se soulevèrent contre le nouvel abbé, lequel entendait
faire construire un second château fort à l'intérieur de la ville. Ils détruisirent le
donjon et abattirent la muraille d'enceinte. À la suite de la plainte de l'abbé en fuite
auprès de l'empereur Louis IV, la ville et le comte de Ziegenhain furent mis au ban
de l'Empire.
Pour lever la condamnation, l’archevêque de Trèves Baudouin intercéda auprès de
l'empereur en 1331, proposant la reconstruction du donjon et des murs d'enceinte
du nouveau château aux frais de la ville, ainsi qu'un dédommagement conséquent.
Les meneurs de l'insurrection furent exécutés.
Louis IV octroya en 1356 au seigneur de Fulda le titre d'« archichancelier de l'impératrice ». Mais déjà la région de Fulda, le monastère et la ville étaient à l'intersection des sphères d'influence de deux puissants voisins, le prince-archevêque de Mayence et le landgrave de Hesse.
Le règne de l'abbé Reinhard von Weilnau (1449-1472) marque la fin de l'abbaye de Fulda en tant qu'entité politique et territoriale.
Si le règne de l'abbé Johann II von Henneberg (1472-1513) fut une période de calme, celui de Hartmann II von Kirchberg (1513-1529), détesté pour ses dépenses inconsidérées, fut des plus troublés. C'est vers 1523 que les premières manifestations de la Réforme agitèrent le domaine abbatial.
Vers la fin de la guerre des paysans, à la Pâques de 1525, les paysans du domaine se liguèrent avec les bourgeois de Fulda contre leur seigneur ; le château et les monastères furent pillés. Le landgrave de Hesse, Philippe Ier de Hesse, vint à la rescousse le 3 mai 1525 avec une puissante armée, contraignant les révoltés à la reddition après une brève résistance. La ville, incendiée, dut en outre supporter les réparations de guerre.
Balthasar von Dernbach, abbé de Fulda à partir de 1570, adopta une politique de Contre-Réforme : il appela les Jésuites en 1571, lesquels fondèrent un lycée puis un collège catholique. La situation dégénéra en conflit ouvert avec la noblesse locale, convertie au calvinisme, de sorte que Balthasar ne retrouvera la direction du monastère de Fulda qu'en 1602 après de longues années d'absence.
L'abbé Adalbert von Schleifras chargea en 1700 l'architecte Johann Dientzenhofer de reconstruire une cathédrale à l'emplacement de la basilique carolingienne de Ratgar, détruite, et de convertir l'ancien château fort en un château de style baroque.
L'université de Fulda, fondée en 1734, fut active jusqu'en 1805. Cette institution, modelée par l'abbé Adolf von Dalberg sur le collège jésuite, s'enorgueillissait de quatre facultés : théologie, philosophie, médecine et droit. Les corps de bâtiment, construits dans le style baroque entre 1731 et 1734, sont l'œuvre de l'architecte Andrea Gallasini qui par ailleurs fit du château de la Fasanerie l'un des édifices baroques les plus réussis de la région.
L'abbaye de Fulda fut élevée au rang d'évêché par le pape Benoît XIV le 5 octobre 1752.